Dans le vallon de Pombie

Les isards, loin au-dessus de moi suivent les micro chemins tracés dans
l'herbe, quelques minutes plus tôt je les aurais rencontrés au col.
Tant pis.
Je m'installe au soleil devant la cabane.
J'ai emporté un grand sac poubelle pour descendre les bouteilles
abandonnées par les promeneurs.
Mais qu'imaginent-ils ?
Qu'il existe un service de ramassage du verre, ici à 1700 m d'altitude ?
Dix-neuf bouteilles.
Je ramasse aussi les ordures dans la cabane et dehors.
Je fais le tour de la cabane. Les isards sont là.
Vite l'appareil photo, me glisser dans l'ombre du mur.
Bouger le moins possible.
Je tétanise vite même dans les positions que je croyais confortables.
Affreusement froid aux mains, mes gants sont restés près de mon sac.
Une isarde arrivée en haut de la falaise m'observe.
L'appareil photo collé au visage, coup d'œil vers la guetteuse,
bouger un pied, glisser le bout de mes doigts dans mon col,
coup d'œil dans le viseur, un éterlou hésite à rejoindre sa mère trop près
de moi. Lumière rasante, frange dorée des touffes d'herbe, pelage
ébouriffé par les courants d'air.
Je n'ai pas assez de place dans le sac à dos pour mes deux sacs poubelles.
Le plus gros à la main dans la pente raide, épuisant.
Arrêt dans le pierrier pour le ficeler sur mon sac.
Ca tire un peu en arrière, bruit de bouteilles entrechoquées quand
je tombe assise dans la neige, ça serait bête de perdre mes dix-neuf
bouteilles en mille morceaux dans la forêt.

Vallon de Pombie, 20 mars 2008

 

 

Comments

[Pastelle]

Et en plus, tu les mérites, tes photos.
Durement gagnées parfois.
Je ne m'en lasse pas.